Parallèlement au collectif « La Santé en Lutte », la FGTB Bruxelles avait lancé une pétition contre la réquisition du personnel soignant. Suite aux nombreuses pressions citoyennes et syndicales, le gouvernement a fait marche arrière ! Cependant, la lutte n’est pas finie… C’est pourquoi nous relayons ici l’article rédigé par « La Santé en Lutte ».
Le rapport de force établit par les travailleur·euse·s a permis de faire reculer le gouvernement. En effet, ces dernières semaines, partout en Belgique, les manifestations de colère et de désaccord du personnel de la santé envers les politiques du gouvernement ne font que se multiplier.
L’événement qui a certainement décidé l’Etat à faire marche arrière est la claque donnée à la Première Ministre lors de sa visite au CHU St Pierre à Bruxelles.
La haie de déshonneur réalisée par le personnel de la santé de l’hôpital St Pierre fut probablement la plus belle démonstration du désaveu du secteur envers les politiques menées par le gouvernement. Très immanquablement ressenti comme une humiliation par le pouvoir, cette action est venue frapper là où ça fait mal: la légitimité du gouvernement à nous diriger.
Cette haie de déshonneur a su symboliser l’état d’esprit de l’ensemble d’un secteur.
Les centrales syndicales ne s’y sont pas trompées et ont posé, dans la foulée, chacune à leur tour, des préavis d’action et de grève. C’est ce qu’il fallait faire, transformer l’essai et concrétiser le rapport de force.
– « Je souhaite qu’un dialogue s’installe mais que ce soit un vrai dialogue » Wilmès (RTBF, 19 mai 2020)
Aujourd’hui, mise au pied du mur, désavouée, Madame Wilmès tente de récupérer de la contenance et de la légitimité, pour elle et son parti, en proposant de dialoguer et, ainsi, réactiver la concertation syndicale.
Cette «main tendue» vers le dialogue est en réalité une stratégie politique pour regagner l’opinion publique et obtenir la paix sociale. Partout la colère monte : dans les secteurs de l’éducation, des transports en commun, de la culture, dans celui de l’ Horéca, …
Aujourd’hui, et en raison des événements, le secteur le plus menaçant est le secteur de la santé. Il est donc prioritaire aux yeux du gouvernement de montrer aux acteurs de la santé un minimum de considération afin d’éviter tout mouvement social.
Cette stratégie du gouvernement lui coûte en honneur. En effet, il doit prendre sur sa fierté pour « reculer ». Plutôt payante pour l’Etat si cette stratégie permet de gagner l’adhésion du secteur de la santé en lui proposant de négocier et en abrogeant deux arrêtés royaux, qui , en plus d’être insultants au vu des efforts fournis spontanément ces dernières semaines, sont tout à fait inutiles.
La stratégie du dialogue social s’accompagne de celle des effets d’annonce. Sans aucune garantie d’aboutir, le gouvernement tente de calmer les esprits en déclarant vouloir dialoguer et propose aux organisations syndicales un calendrier de négociation.
Dans ce calendrier de négociation se trouve un ensemble de projets de discussions autour de futures augmentations d’effectifs, de salaires et d’amélioration des conditions de travail. Nous saluons le projet et espérons vivement que ces négociations aboutissent à du concret.
– « Il y a eu un problème de timing », Georges-Louis Bouchez (Bel RTL, 20 mai 2020)
Néanmoins nous restons sur nos gardes. Comme le rappelait Georges-Louis Bouchez, président du MR, sur Bel RTL, la logique du gouvernement n’a pas changé. A l’entendre, il s’agissait juste d’un « problème de timing ». Il y a donc peu de chance que le gouvernement décide du jour au lendemain de réinvestir massivement dans un secteur qu’il cherche à privatiser depuis longtemps. La volonté du gouvernement n’est donc pas de se remettre en question mais d’apaiser le secteur.
La marchandisation des soins de santé est toujours bien au programme, et avec elle l’oppression managériale, les objectifs de rentabilité, les contrats précaires et la gestion anti-démocratique des institutions de soins.
– « Je suis convaincue que cela passera par une revalorisation salariale. » Wilmès à propos des infirmières (LN24, 19 mai 2020)
Une autre stratégie que nous craignons est celle de la division. En accordant des avantages sociaux à certains métiers et ignorant la problématique des autres. Les mauvaises conditions de travail dans le secteur de la santé touchent l’ensemble des métiers. Ils sont d’ailleurs interconnectés. Comme le démontre l’étude du KCE*, la charge de travail du personnel soignant, déjà importante, est augmentée par le nombre insuffisant de personnel logistique, administratif et hôtelier des institutions de soins. Répondre à la charge de travail passera dès lors par une augmentation des effectifs de l’ensemble des métiers de l’institution Santé.
Nos conditions sociales sont liées, et c’est pour cette raison que La Santé en Lutte mène un combat interprofessionnel.
Enfin, si refinancement du secteur il y a, nous ne voudrions pas qu’il le soit aux dépens d’autres pans de la sécurité sociale ou du service public.
En conclusion, ne soyons pas dupes de ce recul qui est plus symbolique que concret et ne répondra pas de sitôt à nos attentes sur le terrain. Certes, c’est une première victoire, mais il nous reste un long chemin à parcourir pour obtenir un refinancement massif du secteur!
Nous avons pu observer qu’au-delà des dialogues, c’est la pression du terrain qui fait reculer le gouvernement. Nous sommes donc persuadé·e·s que, s’il faut négocier, il faut également construire une mobilisation forte et effective pour contraindre l’Etat à concéder des avancées significatives pour le secteur.
La mobilisation est l’arme ultime pour obtenir des victoires! De plus grands acquis sont à notre portée! Nous appelons donc l’ensemble des collègues du secteur à continuer les actions et à se saisir des préavis de grève pour maintenir le rapport de force. Sans quoi, il est peu probable que des négociations aboutissent à de réelles avancées.
Nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous le 14 juin à 14h pour une action. Tenez-vous prêt·e·s. Restez connecté·e·s à la page et au site de La santé en lutte.
Nous vous rappelons également la Grande manifestation de la Santé qui aura lieu à la rentrée !
Bravo ! Courage à toutes et tous !
Pour rappel, nos revendications :
– Un refinancement des soins de santé avec une transparence sur l’utilisation du budget.
– Un arrêt de la dynamique de marchandisation des soins.
– Une amélioration de nos conditions de travail : sortir de la logique d’actes à la chaine et revenir à une prise en charge humaine des patient·e·s dans leur globalité.
– Une révision des normes d’encadrement.
– Une revalorisation salariale de tous les métiers de la santé.
– Une diminution de l’âge de la pension.
– Un arrêt de la précarité des emplois.
– L’engagement de plus de personnel pour assurer des soins de qualité à toutes et tous.
– Un accès à des soins de santé dignes et humains pour toutes et tous, indépendamment de nos origines sociales et/ou culturelles.
– Être associé, patient et personnel de la santé, à toutes les grandes décisions concernant le secteur.
– …
L’ensemble de nos revendications sont consultables sur https://lasanteenlutte.org/nos-revendications/