Covid-19 : l’urgence est aussi et avant tout sociale !
Pour répondre à l’urgence sanitaire, des mesures de confinement et la mise à l’arrêt d’une grande partie de l’économie ont été décidées par les autorités. Par un « effet domino », cela engendre des conséquences sociales déjà tragiques et qui risquent de s’amplifier dans les semaines et mois à venir. De nombreux travailleurs et travailleuses ont ainsi déjà perdu ou vont perdre leur emploi, certains sans pouvoir bénéficier d’allocations de chômage. Et de nombreux ménages subissent une perte importante de revenus. S’il est encore trop tôt pour évaluer l’ampleur de la catastrophe, il est déjà évident que des réponses sociales fortes et certainement inédites devront être apportées pour répondre à cette urgence sociale.
Réorienter la politique régionale pour faire face à la crise…
Dès le début du mois de mars, la FGTB Bruxelles a alerté le Gouvernement bruxellois sur le risque d’impact social de la crise sanitaire. Celui-ci a alors pris une première série de mesures, notamment en faveur des travailleuses des titres-services – avec l’octroi d’un complément au chômage temporaire- ou d’une grande partie du secteur non-marchand -avec le maintien des salaires malgré l’arrêt des activités. La Région bruxelloise a également décidé d’interdire des coupures d’eau, de gaz et d’électricité ou d’octroyer une prime au logement pour les locataires en difficulté…
Tout cela n’est évidemment pas suffisant et surtout trop temporaire ! Des mesures fortes pour soutenir l’emploi seront indispensables à court, moyen et long terme. Et plus que jamais la concertation sociale devra en être le moteur tant au niveau interprofessionnel que sectoriel.
Pour la FGTB Bruxelles, l’urgence doit d’abord aller à l’accompagnement des travailleurs qui ont ou vont perdre leur emploi. La Région bruxelloise doit se doter d’un dispositif qui accompagne ces travailleurs pour les aider à retrouver un emploi et au sein duquel les organisations syndicales prennent une part active. Il est urgent, comme la FGTB Bruxelles le revendique depuis des années, de mettre sur pieds ces « cellules de reconversion » !
Soutenir les plus fragiles
La Région devra aussi soutenir les travailleurs plus précaires qui ont perdu leur emploi sans bénéficier d’allocations de chômage temporaire ou du droit passerelle pour les indépendants. Il s’agit notamment des travailleurs intermittents, des « freelancers », de nombreux intérimaires, des jeunes stagiaires, des étudiants jobistes mais aussi tous les travailleurs sans statuts, sans papiers… Les secteurs les plus impactés par la crise devront eux aussi faire l’objet d’une attention particulière : on pense ici aux secteurs de l’horeca, du tourisme, de l’événementiel et de la culture qui vont souffrir durablement de l’arrêt de leurs activités. Les secteurs de la santé et de l’aide aux personnes, qui ont été particulièrement exposés et en première ligne face au Covid, devront aussi bénéficier d’aides ciblées pour garantir la qualité des emplois et notamment améliorer le revenu de nombreux travailleurs et travailleuses.
Nous redoutons aussi que le télétravail, la formation à distance et le basculement des services publics vers le numérique ne creusent encore plus ce qu’on appelle « la fracture numérique ». Et n’affectent d’avantage encore les travailleurs et ménages bruxellois les plus fragiles. Là aussi, des mesures spécifiques devront être prises pour accompagner celles et ceux qui ne maîtrisent pas ou ne disposent pas d’outils informatiques.
Face à la crise économique et sociale qui s’annonce, les efforts entrepris par les travailleurs sans emploi pour trouver ou retrouver du travail méritent d’être soutenus, notamment par l’octroi d’un véritable « revenu de formation ». Les mesures de contrôle et de sanction des demandeurs d’emploi doivent être remplacées par une politique d’accompagnement qui les aide vraiment à (re)trouver un emploi durable et de qualité.
Enfin, d’autres mesures sociales devront aussi être prises dans les domaines du logement, de la santé, de l’aide aux personnes, de la mobilité…
Mobilisée depuis le début de la crise sanitaire pour le paiement des allocations de chômage temporaire, la FGTB Bruxelles continuera à s’engager pour que tous les travailleurs et travailleuses soient protégés durablement dans un contexte de crise qui s’avère déjà terrible et sans précédent.