Levons-nous contre la montée de l’extrême droite en Belgique et en Europe
Nous, citoyen.ne.s avec et sans papiers, organisations issues du mouvement social dans toute sa diversité (du mouvement ouvrier, de l’antiracisme, du féminisme, des luttes LGBTI+, de l’antifascisme, de la jeunesse, de défense des droits humains, pacifiste), lançons un appel à l’action face à la montée de l’extrême droite. Au niveau fédéral et régional en Belgique, le parti d’extrême droite Vlaams Belang a fait une percée électorale dramatique. Dans nombre de pays d’Europe, comme en France, en Pologne, en Hongrie, au Royaume-Uni, en Italie, les partis d’extrême droite sont également les grands vainqueurs des élections européennes.
Cette montée de l’extrême droite dans les parlements et aux gouvernements ne vient pas de nulle part. En effet, ces dernières années nous avons constaté la multiplication des mesures répressives, racistes, sexistes et antisociales : déchéance de nationalité qui crée des citoyen·ne·s de seconde zone, criminalisation de la solidarité avec les migrant.e.s et chasse aux exilé.e.s dans la Méditerranée, nombreuses entraves au droit de grève ou encore attaques du secret professionnel pour les assistant.e.s sociaux/les… Celles-ci constituent autant d’atteintes directes à nos droits fondamentaux qui nous font glisser vers un régime plus autoritaire et inégalitaire. La Belgique, où l’on constate avec ce dimanche noir les résultats de 4 ans de politiques anti-sociales sans précédent et de la banalisation du racisme au plus haut niveau de l’Etat, ne fait malheureusement pas exception.
Cette régression s’inscrit dans un contexte de concentration des richesses combinée avec une crise sociale durable et l’aggravation de la pauvreté, produites par plusieurs décennies de politiques de coupes budgétaires dans les services publics et la sécurité sociale, de précarisation du travail, fruits amers d’un projet de société qui vise à la compétition généralisée de tou.te.s contre tou.te.s. Ce contexte est également marqué par un racisme et un sexisme structurels (dans l’accès au logement et à l’emploi notamment) ainsi que par la criminalisation des personnes sans-emploi, exilé.e.s ou sans-abri.
La banalisation par de nombreux partis de discours habituellement réservés à l’extrême droite, qui aboutit à la montée d’agressions physiques islamophobes, racistes, antisémites ou encore à l’encontre des personnes LGBTI+, à la mort de Mawda Shawri, a achevé de préparer le terrain pour la remobilisation des courants identitaires et néo-fascistes. Les paroles préparent le terrain aux actes et nous devons refuser toute forme de complaisance à l’égard de racisme et de sexisme.
Derrière leur communication bien rodée, leur costume-cravate et leur utilisation virale des réseaux sociaux centrée notamment autour d’une propagande complotiste et désignant des boucs-émissaires, ces groupes et partis constituent une grave menace pour l’immense majorité de la population. Travailleur.se.s, femmes, personnes LGBTI+, personnes victimes de racisme, défenseurs/euses des droits humains, de la Terre et des libertés démocratiques, il est essentiel de nous unir contre ce projet de société qui cherche à imposer le mensonge, la haine raciale et le culte de la virilité violente au service de l’oppression et de l’autoritarisme.
L’extrême droite au pouvoir, c’est un saut en avant vers l’horreur. Ce sont les attaques néolibérales, homophobes, contre les populations indigènes et contre les droits humains en général, du gouvernement néofasciste de Jair Bolsonaro au Brésil. Ce sont les assassinats racistes, LGBTI-phobes et contre des militant.e.s progressistes, comme en Grèce avec les sbires de l’Aube Dorée. Ce sont les attaques contre le droit à l’avortement et les droits des femmes en général, comme en Alabama, en Pologne ou en Andalousie. C’est la criminalisation des sans-abri, des migrant.e.s, des Roms ainsi que la « Loi esclavage » permettant la surexploitation des travailleur.se.s, comme en Hongrie.
Nous appelons à descendre dans la rue et à le refaire tant que ce sera nécessaire. Nous appelons dès maintenant la population à la plus grande vigilance et à se lever contre l’extrême droite où qu’elle soit. Nous nous engageons pour une mobilisation large de la société civile et de toutes les personnes conscientes : refusons de laisser le champ libre à l’extrême droite et au fascisme, dans nos quartiers, nos lieux de travail, d’étude et de loisirs. Il y a bien assez de richesses et de travail dans ce pays pour que tout le monde puisse vivre dignement et librement. Nous défendons une alternative solidaire, dans l’unité et l’inclusivité des classes populaires, quel que soit le genre, la couleur de peau, les convictions, l’orientation sexuelle, la santé ou le handicap, contre tous les racismes (notamment l’islamophobie, l’antisémitisme, la négrophobie, la romophobie et le racisme envers les migrant.e.s), pour la justice sociale, les droits et libertés démocratiques et une réelle égalité des droits.
Par cet appel, nous exprimons notre solidarité avec les populations qui doivent faire face à la répression d’Etats totalitaires et de l’extrême droite et qui luttent pour la démocratie. Nous affirmons que l’extrême droite n’a pas sa place ni dans les parlements et gouvernements, ni dans nos rues et que notre front uni se mobilisera, tant que nécessaire et sur tous les terrains possibles, pour l’empêcher de nuire. Nous vous donnons rendez-vous pour vous lever contre l’extrême droite ce mardi 28 mai à 18h à la Place du Luxembourg.
Ils ne passeront pas !
Coalition Stand-Up contre l’extrême droite et le fascisme (*)
Signataires :
Alexis Deswaef, co-Président de la Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés & Président d’honneur de la Ligue des Droits Humains
Ariane Estenne, Présidente du MOC
Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral FGTB
Felipe Van Keirsbilck, secrétaire général de la Confédération nationale des employés (CNE)
Estelle Ceulemans, secrétaire générale FGTB Bruxelles
Julien Dohet, Sécrétaire Politique SETCA Liège, membre du Front AntiFasciste Liège 2.0
Muriel Di Martinelli, secrétaire fédérale CGSP ALR
Rudy Janssens, secrétaire général CGSP IRB Bruxelles
Mehdi Kassou, Plateforme Citoyenne de soutien aux réfugiés
Mustapha CHAIRI, Président du Collectif Contre l’Islamophobie en Belgique
Philippe Vansnick, secrétaire fédéral adjoint CSC BHV
Thomas Englert, Secrétaire Fédéral du MOC de Bruxelles
Aurore De Keyzer, responsable nationale des Jeunes Organisés et Combatifs
Jérémie De Clerck, Président du MOC Bruxelles
Olivier De Schutter, professeur à l’UCLouvain
Thomas Weyts, Solidair Gent et SAP
Sixtine van Outryve, chercheuse et assistante en droit à l’UCLouvain
Carmelo Sutera, président de la CNAPD
Eric Toussaint, porte-parole international du CADTM
Sébastien Gratoir, Acteur des temps présents
Samuel Cogolati, chercheur en droit international à la KU Leuven
Anne-Sophie Bouvy, assistante en droit à l’UCLouvain et avocate au barreau de Bruxelles
Jean Matthys, chercheur en philosophie à l’UCLouvain
Pierre-Etienne Vandamme, chercheur en philosophie à la KU Leuven
Isabelle Vanden Berghe, détachée pédagogique Jeunes FGTB
Christelle Macq, chercheuse et assistante en droit à l’UCLouvain
Agathe Osinski, chercheuse en sciences politiques à l’UCLouvain
Axel Farkas, Gauche anticapitaliste
Eva Maria Jimenez Lamas, permanente CSC et militante féministe et antiraciste
Olivier Malay, chercheur en économie à l’UCLouvain
Martin Vander Elst, anthropologue (UCL-LAAP), membre du comité Mawda
Daniel Tanuro, militant écosocialiste
Karim Brikci, photographe et délégué syndical
Xavier Briké, anthropologue (UCL)
Véronique van der Plancke, avocate au Barreau de Bruxelles et Collaboratrice scientifique à l’UCL
Auriane Lamine, chargée de cours à l’UCLouvain
Elisabeth Lagasse, chercheuse en sociologie à l’UCLouvain
Corentin Lahouste, chercheur en littérature à l’UCLouvain
Christine Guillain, professeure à l’USL-B et présidente de la Commission Justice de la LDH
Julie Ringelheim, chercheur qualifié au FRS-FNRS et chargée de cours à l’UCLouvain
Juliette Arnould, avocate au Barreau de Bruxelles
Manon Libert, avocate au Barreau de Bruxelles
François-Xavier Lievens, assistant en droit à l’UCLouvain
Robin Bronlet, avocat Progress Lawyers Network Bruxelles
Thomas Mitevoy, avocat Progress Lawyers Network Bruxelles
Hind Riad, avocate Progress Lawyers Network Bruxelles
Jehosheba Bennett, avocate au Barreau de Bruxelles
Pauline Delgrange, avocate Progress Lawyers Network Bruxelles
Leila Lahssaini, avocate
Pascale Vielle, professeure à l’UCLouvain
Stephanie Demblon, militante, secteur associatif
Anne Löwenthal, secteur associatif
Catherine Patris, juriste en C.P.A.S
Antoine Hennart, administrateur à La Compagnie de la Bête Noire
Delphine Piraux, juriste et déléguée syndicale CGSP
Luc Janssenswillen, politologue et musicien
Aurélie Vandenbroucke, psychologue en maison médicale et planning familial
Catherine Cremers, criminologue
Sarah Ganty, Maîtresse de conférence (ULB)
Céline Caudron, militante féministe
Irene Zeilinger, féministe
Anne Raymon, féministe, secteur associatif
Bruno Trefois
Daniel Adam – travailleur culturel – Compagnie Maritime
Carol Sacré, anthropologue, UCLouvain/Laap
Eve Hanson, anthropologue
Sandrine Franceschi, animatrice
Louise Lambert, militante féministe
Doris Pipers, psychologue et anthropologue
Bénédicte Philippon, comédienne et auteure
Bernard Wesphael, membre fondateur d’Ecolo et Président de groupe honoraire au Parlement de Wallonie
Julien Degreef, citoyen engagé
Jérémie Piolat, anthropologue
Pieter-Augustijn Van Malleghem, chargé de cours (UCLouvain)
Christine Rizzo, avocate
Jean Spinette, échevin de l’éducation de la Commune de Saint-Gilles
Hugo Vranken, Jeunes anticapitalistes
(*) La Coalition contre l’extrême-droite et le fascisme Stand-Up est soutenue entre autres par les organisations suivantes: ACV Jongeren – Brussel; Agir pour la Paix; Angela D ASBL; Antifascist Action Belgium; CGSP ALR Bruxelles; CNAPD; Equipes populaires Bruxelles; Garance ASBL; Groupe de travail Réagis FGTB Bruxelles; Jeunes CSC Bruxelles ; Jeunes FGTB; Ligue des Droits Humains; Interrégionale de Bruxelles CGSP; JOC Bruxelles; MRAX; MOC Bruxelles ; MRAX ; Réseau ADES