Notre histoire
Avant 1887, il n’existe quasi aucune législation sur le travail. Un ouvrier sur trois travaille 12h par jour et le repos dominical n’est pas généralisé. Les salaires sont misérables, et celui qui ne peut travailler pour cause de maladie, d’accident de travail ou de vieillesse, ne dispose d’aucune protection. L’analphabétisme est généralisé et l’instruction non obligatoire. Le syndicalisme est considéré comme antisocial et la grève sévèrement réprimée.
Néanmoins, face à ces difficultés, quelques mouvements de solidarité voient le jour. Il s’agit principalement de caisses de solidarité, qui se concentrent uniquement sur la défense des salaires de leurs membres.
Bruxelles est, à l’époque, le premier centre industriel du pays et est caractérisée par une grande proximité sociale : se côtoient boutiquiers, artisans, ouvriers qualifiés… Ce facteur explique la précocité de l’activité syndicale bruxelloise par rapport au Sud ou au Nord du pays. Les premières structures syndicales y sont mutualistes et corporatistes : prévaut alors la défense des affiliés en particulier (salaires, caisse de grève…) sur la défense du secteur professionnel ou du monde du travail en général.
L’appauvrissement généralisé de la classe ouvrière va accélérer l’activité syndicale.
En 1885, 59 sociétés ouvrières, parmi lesquelles les syndicats bruxellois sont aux premies rangs, fondent le Parti ouvrier belge (POB), dont la principale revendication est l’obtention du suffrage universel. Á la même époque, plusieurs grèves s’organisent dans le pays. Le mouvement prend une tournure violente.
Á la suite de ces événements, le gouvernement organise un état des lieux de la condition ouvrière. Les conclusions de la commission d’enquête déboucheront sur un certain nombre de réformes : l’abolition du travail pour les enfants de moins de 12 ans et la limitation du travail dans les mines pour les femmes de moins de 21 ans.
En 1898, le POB fonde la Commission syndicale, qui a pour vocation d’unifier et rassembler, sous la bannière socialiste, de nombreuses et diverses organisations ouvrières.
Avant la première guerre mondiale, les avancées sont faibles, mais les années 1900 voient l’ébauche d’un système de pension se mettre en place. Après la guerre de 14, le mouvement syndical décolle et la législation sociale se renforce, principalement parce que l’on craint de voir les idéaux de la révolution russe impulsée par le prolétariat atteindre l’occident. Les sphères dirigeantes veulent la paix sociale et le POB se retrouve ainsi en mesure de négocier sa participation à la reconstruction.
Le 9 mai 1919, le suffrage universel est voté, et, le 14 juin 1921, le temps de travail est ramené à 8 heures par jour. La grève devient un droit à partir du 24 mai 1921.
La période d’entre deux guerres est marquée par la grande crise de 1929 et les politiques déflationnistes. Il faut attendre 1936 pour que l’économie se redresse. Cette année-là, pas moins d’un demi-million de travailleurs et travailleuses se mettent en grève afin de réclamer la hausse générale des salaires, l’obtention de congés payés, et la semaine des 40 heures.
Sous l’occupation, plusieurs organisations syndicales voient le jour, c’est le cas de la Confédération belge des syndicats unifiés (CBSU) d’obédience communiste, du Mouvement syndical unifié (MSU) rassemblant principalement des métallurgistes, et du Syndicat général unifié des services publics (SGUSP) fondé par le corps enseignant, les employé-e-s de la poste et les fonctionnaires, avec lesquelles la CGTB va fusionner en 1945 pour créer la FGTB, la Fédération Générale du Travail de Belgique.
Le toute nouvelle FGTB se donne alors l’ambition de fédérer l’action que les sept centrales professionnelles mènent dans les entreprises et les secteurs professionnels publics et privés. Pour se faire, elle se dote alors d’une structure politique nationale et de vingt-cinq régionales, dont la régionale de Bruxelles.
Au lendemain de la guerre, les employeurs, qui redoutent l’explosion sociale, sont prêts à d’importantes concessions : de plus hauts salaires et la généralisation des assurances sociales.
En 1944, la loi sur la sécurité sociale voit le jour. Ce pacte social s’accorde sur les droits de chômage, les allocations familiales et l’assurance maladie. Il définit la triple contribution des salarié-e-s, des entreprises et de l’État.
Avec la FGTB naît le syndicalisme moderne, qui s’impose désormais comme un partenaire incontournable de la concertation sociale.
Après s’être attaquée aux mécanismes de redistribution, la FGTB s’en prend, en 1956, à la réforme des structures. Au programme : nationalisations, gestion centralisée de l’économie, et contrôle du crédit et de l’investissement.
Par la suite, la réforme institutionnelle de l’État belge modifie les structures de la FGTB, qui voit la création, en 1978, des interrégionales wallonne (IW), bruxelloise (IRB) et flamande (VLIG).
Depuis les années 1990, les mutations de l’économie et le glissement du travail vers le secteur tertiaire poussent la FGTB à s’intéresser aux petites et moyennes entreprises, encore aujourd’hui relativement fermées au syndicalisme.
Le congrès de la FGTB de Bruxelles du 19 mai 2010 a pris la résolution de mener une campagne contre la précarité croissante du travail à Bruxelles, provoquée notamment par la désindustrialisation de la ville et par l’essor de l’économie de services qui est lié au développement des fonctions internationales de Bruxelles.
Dès cette époque, elle se définit comme un syndicat ancré dans la ville et se penche sur les problèmes bruxellois tels que la migration, la désindustrialisation, le chômage, la précarisation, les jeunes, l’égalité hommes-femmes…